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« Emmanuel Macron, président “liquide” au cœur d’une campagne fantôme »

Roter.Teufel

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« Emmanuel Macron, président “liquide” au cœur d’une campagne fantôme »

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Cette « non-campagne » présidentielle est le point d’orgue d’une dépolitisation à l’œuvre depuis cinq ans. Si ce contexte sert le président sortant, il vient fragiliser encore une démocratie épuisée.

Chronique. Avec la déclaration de candidature d’Emmanuel Macron, par une lettre aux Français agrémentée d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux, la campagne peut enfin démarrer. Et, pourtant, elle semble terminée avant même d’avoir commencé. Déjà largement éclipsée par la crise sanitaire, celle-ci est désormais écrasée par la guerre en Ukraine et ses répercussions en Europe. L’arrivée d’Emmanuel Macron sur la scène électorale paraît n’y rien changer.
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Alors que l’actualité est scandée par les nouvelles de l’Est et les échanges entre Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ou Vladimir Poutine, les autres candidats se voient relégués au second plan, en grande difficulté pour développer leurs projets. Ce contexte, dont il n’est pas responsable, sert le sortant naturellement – il jouit de sa stature de « président protecteur », garant de la stabilité – mais aussi ontologiquement, tant le locataire de l’Elysée a démontré depuis cinq ans une capacité à se couler dans le flux des événements, à jouer avec eux, pour en tirer profit in fine.
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Ici, comme avant, il a recours à tous les registres en même temps pour conforter sa première place dans les sondages. Après une déclaration solennelle de « chef de guerre » mercredi, consacrée à l’Ukraine, et une candidature tout en sobriété (lettre aux Français), il a pris le temps de « faire l’acteur » et d’enregistrer le premier volet d’une websérie mettant en scène « le candidat », à destination des réseaux sociaux. Grimpant un escalier à grandes enjambées déterminées, flanqué de son chien Nemo, le président-candidat s’installe dans le salon d’angle de l’Elysée, avant d’évoquer – regard perdu dans le lointain et intermèdes musicaux –, ses motivations pour un second mandat. L’exercice a suscité l’agacement d’une poignée d’élus de la majorité, qui s’interrogent – en privé – sur la pertinence – la futilité ? – d’un tel procédé, alors que l’heure est à la gravité.

De la solennité à l’« entertainment »

Mais le chef de l’Etat, rompu aux changements de rôles, de masques et de costumes, s’est toujours plu à mixer les registres, passant simultanément de celui de la solennité à celui de l’entertainment (divertissement), alimentant avec allant une « netflixication » de la vie politique. Même contre-pied sur le fond : après avoir plaidé pour la « déconstruction » de notre histoire, et assuré en 2017 qu’il n’y avait pas de culture française, le voilà – dans sa lettre – en chantre de l’identité française et de l’enracinement.

Une fois de plus, M. Macron montre qu’il est une incarnation de l’homme « liquide » – selon la formule du sociologue Zygmunt Bauman, auteur du Présent liquide (Seuil, 2007), pour qui la quête de sens et de repères stables a laissé la place à l’obsession du changement et de la flexibilité. « L’homme politique traditionnel est tenu de s’inscrire dans la continuité, la fidélité à des engagements – à défaut, il doit rendre des comptes –, tandis que l’homme politique néolibéral, dont Macron est l’un des visages, n’hésite pas à se contredire, jouer des rôles successifs en fonction de ses intérêts, de l’auditoire et du moment », analyse Christian Salmon, auteur de La Tyrannie des bouffons (LLL, 2020). L’essayiste observe que ce procédé « fonctionne malgré toutes les contradictions », parce qu’il « représente l’époque », en affinité avec les réseaux sociaux et les chaînes info.

Le Monde
 
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