A Bourges, un étudiant chinois menacé d’expulsion pour un graffiti mettant sur le même plan une croix gammée et une étoile de David

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A Bourges, un étudiant chinois menacé d’expulsion pour un graffiti mettant sur le même plan une croix gammée et une étoile de David

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Xilong C., 26 ans, a reçu un soutien massif des étudiants et des enseignants pour qui il ne s’est rendu coupable que de « maladresse », en utilisant des symboles dont il ne mesurait pas la portée.

Dans la nuit du 17 au 18 octobre, les palissades d’un chantier en face de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges (ENSA) ont été recouvertes de graffitis évoquant le conflit, qui avait éclaté dix jours plus tôt, entre le Hamas et Israël. Les tags sont apparus quelques heures après l’explosion à l’hôpital Al-Ahli, à Gaza, pour laquelle l’armée israélienne a, dans un premier temps, été pointée du doigt. Selon une analyse du Monde datant du 3 novembre, la trajectoire et la vitesse d’une salve de roquettes palestiniennes seraient compatibles avec l’explosion, une piste privilégiée par le renseignement français.

Sur l’un des panneaux métalliques, un dessin représentait un avion orné d’une étoile de David bombardant un hôpital. Sur d’autres, on pouvait lire les inscriptions « Arrêtez le génocide contre les Palestiniens ! » et « A bas le zionisme ! » Sur un dernier figuraient une étoile de David, une croix gammée et, entre les deux, le signe mathématique égal. A 9 heures du matin, les inscriptions avaient été effacées. En apprenant quelques jours plus tard que leur auteur était un étudiant de son école, la directrice de l’ENSA, Jeanne Gailhoustet, est « tombée de l’armoire. Je n’imaginais pas du tout que ça puisse venir de chez nous ».

Le 30 octobre, une perquisition était menée dans l’appartement où Xilong C. vit en colocation, à Bourges. Cet étudiant chinois de 26 ans, retrouvé grâce, notamment, à la vidéosurveillance, est inscrit en cinquième et dernière année à l’ENSA, qu’il avait intégrée en 2020. Il est censé soutenir son mémoire de master en février et sortir diplômé de l’école en juin.

Xilong C. se trouvait à Paris lors de la perquisition. Informé par ses colocataires que les policiers étaient à sa recherche, il a contacté un avocat puis, le 2 novembre, les policiers, avec qui un rendez-vous a été fixé le 13. Ce jour-là, Xilong C. s’est présenté au commissariat et a été placé en garde à vue pour « apologie du terrorisme ». Le parquet de Bourges a décidé de classer sans suite, car cette infraction n’était « pas suffisamment caractérisée, explique la procureure Céline Visiedo. Ce qui ne veut pas dire que d’autres infractions ne le sont pas. Il n’est pas exclu qu’on le poursuive, par exemple, pour provocation à la haine en raison de l’appartenance à la nation ».

« Mesure disproportionnée »

Si le parquet ne l’a pas encore fait, c’est qu’une procédure administrative a été enclenchée par la préfecture du Cher, procédure à laquelle la procureure de Bourges a choisi de « laisser la place ». Le 13 novembre, la préfecture a, en effet, notifié à Xilong C. le retrait de son titre de séjour, une obligation de quitter le territoire français (OQTF), assortie d’une interdiction d’y revenir pendant trois ans, et son placement dans un centre de rétention administrative (CRA) en attendant son passage devant le tribunal administratif chargé de valider ou non cette OQTF. Xilong C. est ainsi devenu l’un des « cent vingt à cent trente étrangers » interpellés pour des actes antisémites depuis le début du conflit, parmi lesquels « plus d’une cinquantaine » ont été placés dans un CRA, selon les chiffres évoqués par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, le 14 novembre.

Le Monde
 
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