Au procès de Gabriel Fortin, le « tueur de DRH » : « Vous avez entendu leur souffrance ? – Rien à déclarer »

Roter.Teufel

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Au procès de Gabriel Fortin, le « tueur de DRH » : « Vous avez entendu leur souffrance ? – Rien à déclarer »

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Les dépositions de la famille de Patricia Pasquion et des collègues de Géraldine Caclin, assassinées le 28 janvier 2021 dans la Drôme, ont buté contre le mur d’indifférence de l’accusé.

L’indifférence de Gabriel Fortin à son propre sort a tout contaminé. Les débats devant la cour d’assises de la Drôme n’en finissent plus de s’étirer, et l’audience même semble avoir perdu son sens. Jamais on a vu, à ce point, la mécanique d’un procès criminel tourner à vide.

Au « Qui ? Quand ? Quoi ? Comment ? », l’instruction a déjà apporté la réponse et celle-ci n’est pas contestée à l’audience. La mort par balles d’Estelle Luce, Patricia Pasquion, Géraldine Caclin et la survie miraculeuse de Bertrand Meichel à un autre tir, les 26 et 28 janvier 2021, aux environs de Nancy et à Valence, sont des assassinats et une tentative d’assassinat. La préméditation figure noir sur blanc dans les milliers de fichiers exhumés de l’ordinateur de l’accusé.

La réponse au « pourquoi ? » n’a pas attendu non plus le procès pénal. On sait qu’à Estelle Luce, Bertrand Meichel et Géraldine Caclin, cadres des ressources humaines, l’ingénieur attribue l’entière responsabilité de ses licenciements en 2006 et 2009. On sait aussi qu’il ne connaissait pas Patricia Pasquion, mais que l’agence Pôle emploi de Valence où elle travaillait est celle où Gabriel Fortin a épuisé ses droits au chômage et basculé sous le régime de l’allocation de solidarité, ultime étape, à ses yeux, de la déchéance sociale. Deux semaines d’audience n’ont pas permis d’apprendre, ni surtout de comprendre davantage.

« Je ne m’en souviens pas »

Pour les parties civiles qui s’expriment à la barre depuis lundi 19 juin, la présence de Gabriel Fortin dans le box est pire qu’une absence. La douleur enragée du mari de Patricia Pasquion, tuée d’une balle dans le thorax – « Je sais que ça ne se passera pas comme ça, mais je voudrais que le 30 juin [date attendue du verdict], vous me le donniez pour que je lui règle son compte moi-même » –, glisse sur l’accusé. Le chagrin tremblant d’une jeune fille toute vêtue de noir, la détresse contenue d’un père, le cri d’une sœur – « Que l’on cesse de parler de tueur de DRH, mais de tueur de femme, de fille, de mère ! » – ne le détournent pas davantage des papiers sur lesquels il ne cesse de noter. Le président demande à Gabriel Fortin de se lever.

Avec ses deux avocats, Mes Laetitia Galland et Romaric Chateau, Gabriel Fortin fait preuve de la même indifférence. Ils se battent pour lui, mais sans lui. La déposition de son ancien supérieur hiérarchique, chez Faun Environnement à Valence, leur entrouvre une porte. Le témoin, qui fait pourtant partie des « cibles » visées par l’accusé, raconte avec émotion le malaise qu’il avait éprouvé face à un licenciement qui lui était apparu à la fois injustifié et inutilement blessant. « Dès la sortie de son entretien préalable, on lui a remis une lettre de mise à pied et un sac-poubelle pour qu’il vide son bureau », dit-il. Gabriel Fortin a ensuite reçu sa lettre de licenciement un 24 décembre. Me Chateau se tourne vers le box, revient à cette scène, avec le sac-poubelle. « Je ne m’en souviens pas », lui répond l’accusé.

Le Monde
 
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