Aux assises, deux étudiants sans histoires et une tentative d’assassinat

Roter.Teufel

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Aux assises, deux étudiants sans histoires et une tentative d’assassinat

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En 2016, Rémi V. a tiré sur son meilleur ami, Clément L., rencontré sur les bancs de Sciences Po Lyon. Il a été condamné vendredi 3 novembre à dix ans d’emprisonnement par la cour d’assises de la Savoie.

Ils étaient assis côte à côte sur les bancs en première année de Sciences Po Lyon. Jeudi 2 et vendredi 3 novembre, ils se sont assis presque côte à côte dans le prétoire de la cour d’assises de la Savoie, à Chambéry. Même corpulence, même collier de barbe soigneusement taillé, mêmes cheveux ras. Mais tout les sépare. Rémi V. est jugé pour tentative d’assassinat. Clément L. est sa victime. Il a miraculeusement survécu à la balle qui lui a transpercé le dos sept ans plus tôt.

Oui, sept ans. Même huit, si l’on remonte à leur rencontre à Sciences Po. Rémi V. avait 21 ans, il arrivait de la région de Valenciennes, dans le Nord. Un garçon discret, gentil, un peu complexé par son poids, bosseur, qui ne voyait plus son père, prof de gym, depuis que celui-ci avait quitté sa mère. Sciences Po, c’était pour faire plaisir à son grand-père, qu’il vénérait et dont la mort récente l’avait anéanti.

Clément L. avait 19 ans, il était originaire de la Savoie, sortait de classe préparatoire chez les chartreux à Lyon, après un bac avec mention très bien. Sa famille à lui était unie – un père cadre territorial, une mère psychologue – et surtout accueillante. Les deux garçons sympathisent, se voient souvent, Clément invite Rémi le week-end chez ses parents. Mais à l’approche des vacances d’été, Rémi devient sombre et surtout envahissant. Il pleure quand Clément part quelques jours à Malte, renonce à un week-end quand il apprend qu’un troisième copain doit se joindre à eux.

« Est-ce qu’il nous a caché quelque chose ? »

Clément prend ses distances, répond moins à ses messages. A la fête qu’il organise pour ses 20 ans, fin août à Chambéry, Rémi lui offre un « cadeau démesuré » et boit comme un trou. Clément lui adresse à peine la parole, il a la tête ailleurs : le 19 septembre, il doit s’envoler pour un voyage d’études de neuf mois en Egypte. De retour dans le Nord, Rémi rumine. Pour lui, le départ de son meilleur ami est « inenvisageable ».

Samedi 3 septembre 2016, Clément L. sort de l’immeuble de ses parents à 5 heures du matin. C’est le dernier jour de son job d’été dans une entreprise de nettoyage. Devant la porte, un homme armé, cagoulé et ganté lui intime l’ordre de monter dans le coffre de sa voiture. Ils parcourent quelques kilomètres, le véhicule s’arrête. Son agresseur ouvre le coffre, lui demande de sortir, de lui tourner le dos et de s’agenouiller, mains sur la tête. Il tire. Clément s’effondre. Entrée par l’omoplate gauche, la balle lui a traversé l’abdomen.

Il parvient à se relever, supplie son agresseur de le ramener chez lui. L’homme hésite, le fait remonter dans le coffre, roule encore un peu avant de se garer et de le laisser s’enfuir. Clément L. court jusqu’à un hameau proche, appelle au secours. De son agresseur, il n’a identifié que la voiture, une Dacia grise, immatriculée dans le Nord. « Est-ce qu’il nous a caché quelque chose ? Est-ce qu’il trempe dans des affaires louches ? », s’affolent ses parents.


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