Dans les bidonvilles de Mayotte, une vie sans eau courante

Roter.Teufel

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Dans les bidonvilles de Mayotte, une vie sans eau courante

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Dans le département, 30 % de la population n’a pas l’eau courante. Les habitants ont recours à des eaux non traitées, s’exposant à des risques sanitaires importants.

Le bidonville de Kawéni, à Mayotte, s’étend sur plusieurs collines. Quelque 17 000 personnes s’y abriteraient, principalement sous des maisons de tôle, faisant du lieu en périphérie de Mamoudzou le plus grand bidonville de France. Ici, l’approvisionnement en eau relève d’un combat quotidien.

Dans ce département de l’océan Indien, 30 % de la population n’a pas accès à l’eau courante chez elle. Une proportion qui stagne depuis dix ans. A Kawéni, des chemins de terre et de pierres, escarpés, serpentent entre les maisons. L’un d’eux mène à une cascade. C’est là qu’une partie des habitants viennent s’approvisionner en eau. « C’est la source, nous explique l’un d’eux. L’eau sort du rocher. Elle est buvable directement. Mais vous, les mzungu [terme en shimaoré pour désigner les Blancs], vous ne pouvez pas la boire, sinon vous serez malades. »

A la cascade, des tuyaux ont été tirés depuis la roche qui conduisent à un robinet fixé à un muret de béton. Les gens viennent y remplir des bidons ou faire une lessive, à l’image de Youmna, 22 ans, venue laver ses vêtements avec ses deux enfants de 3 et 5 ans. Originaire de l’archipel voisin des Comores, elle vit à Mayotte depuis 2014 et, depuis qu’elle a rejoint Kawéni en 2018, elle utilise cette même eau pour boire et cuisiner.

Un peu plus bas dans le bidonville, d’autres robinets ont été installés par les habitants. On croise souvent devant ces points d’eau des enfants qui remplissent puis transportent sur leur tête d’anciens pots de peinture remplis à ras bord.

Un onéreux « marché noir »

Entre les ravins du bidonville coulent, ici et là, des petits ruisseaux d’eau boueuse. Des tuyaux d’évacuation viennent y déverser des eaux usées. Des enfants jouent dedans, à côté de déchets flottants. Tout proches de l’un de ces ruisseaux, les ouvriers d’un atelier artisanal de fabrication de marmites en aluminium rincent leurs outils. A Mayotte, « environ 6 % de la population s’approvisionne vers des eaux brutes, c’est-à-dire non traitées, souligne Aude Sturma, chercheuse indépendante et autrice d’une thèse sur le manque d’accès à l’eau à Mayotte. Ce sont les rivières ou les sources résurgentes qui sont souvent polluées et contiennent des pathogènes dus au manque d’assainissement sur l’île. »

Une partie de la population, difficilement estimable, a aussi recours à un onéreux « marché noir » de l’eau. Plusieurs habitants de Kawéni interrogés rapportent ainsi acheter de l’eau à des particuliers raccordés à l’eau courante, à raison de 50 centimes les 20 litres, soit 25 euros le mètre cube, dix-sept fois le prix de l’eau courante, dans un département où la moitié de la population a un niveau de vie inférieur à 262 euros par mois (selon des données de l’Insee de 2018).

Le Monde
 
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