Derrière les effondrements d’immeubles, un défaut d’entretien : « Un jour ou l’autre, la gravité universelle se rappelle à notre bon souvenir »

Roter.Teufel

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Derrière les effondrements d’immeubles, un défaut d’entretien : « Un jour ou l’autre, la gravité universelle se rappelle à notre bon souvenir »

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Ces dernières années, plusieurs immeubles se sont écroulés dans des centres-villes. Pour prévenir ces drames, le ministère du logement compte désormais sur l’obligation pour les copropriétés de connaître l’état du bâti et de planifier des travaux. Mais leur réalisation ne sera pas obligatoire.

La locataire du deuxième étage a d’abord entendu des chutes de pierres derrière le plâtre de son mur. Il était minuit et demi. Puis un craquement sonore, et un deuxième alors qu’elle s’apprêtait à quitter son appartement. Une fois engagée dans l’escalier, elle a vu tout s’écrouler autour d’elle. Protégée par une cloison, elle est parvenue à s’extraire du bâtiment après l’effondrement. Le propriétaire du premier étage a eu le temps de se précipiter dans la rue, pour assister au détachement des façades, avant leur chute dans un fracas épouvantable. Dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 juin 2021, deux immeubles de trois étages se sont effondrés rue de la Rousselle, dans le centre ancien de Bordeaux, blessant trois personnes. Cinq jours plus tôt, non loin de là, dans le quartier Saint-Michel, deux autres bâtiments s’étaient écroulés, sans faire de victime.

En l’espace de quatre ans, plusieurs effondrements spectaculaires d’immeubles au cœur des centres-villes historiques ont frappé les esprits. Ceux de la rue d’Aubagne à Marseille, en 2018, qui ont causé la mort de huit personnes, ou ceux de Lille en novembre 2022, qui ont fait un mort. Plus récemment, en avril, un petit immeuble datant des années 1920 s’est écroulé à Nanterre. Partout en France, de Paris à Orléans, de Saint-Etienne à Toulon, des bâtiments soutenus par des étaiements, cerclés de pièces de métal ou évacués menacent de s’affaisser.

Pourquoi des immeubles s’effondrent-ils comme des châteaux de cartes ? « A Marseille, Bordeaux et Lille, le point commun est qu’il s’agit d’immeubles anciens, du XVIIe ou du XVIIIe siècle, et de petites copropriétés », indique-t-on au ministère du logement. Des élus s’inquiètent que ces vieux édifices arrivent en bout de cycle, menaçant la pérennité de leurs cœurs de ville. « Il n’y a pas de limite à la durée de vie d’un bâtiment dans l’absolu. C’est généralement le manque d’entretien qui peut faire qu’on dépasse la limite de résistance et que les bâtiments puissent présenter des désordres structuraux », affirme Philippe Leblond, le responsable recherche et ingénierie pour la sécurité des constructions au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
« Rien n’a été fait »

Que disent les premières expertises remises aux autorités judiciaires ? Pour la rue d’Aubagne, située dans le quartier de Noailles, un îlot du centre de Marseille caractérisé par la vétusté des immeubles et la dégradation du bâti, un rapport d’experts de la cour d’appel de Paris révèle en 2020 que l’extrême fragilité et la dangerosité des deux immeubles avaient été repérées avant leur écroulement. Des occupants avaient multiplié les signalements sur des fissures, des craquements, des portes et des fenêtres qui ne fermaient plus. Des experts s’étaient rendus sur place à de multiples reprises, l’un d’eux concluant que « ces désordres représent[ai]ent un risque réel pour les biens et les personnes à court terme ».

Le Monde
 
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