Emeutes urbaines : les journalistes face à la difficulté de travailler dans les quartiers populaires

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Emeutes urbaines : les journalistes face à la difficulté de travailler dans les quartiers populaires

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Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, s’inquiète de voir les violences à l’égard des journalistes devenir « de moins en moins inédites », évoquant les précédents lors des manifestations des « gilets jaunes » en 2019 ou de celles antipasse sanitaire en 2021.

Ils ont eu peur d’être « lynchés » en faisant leur travail. Depuis la mort de Nahel M., mardi 27 juin à Nanterre, dix-huit journalistes ou techniciens ont été agressés physiquement dans le cadre de leur fonction, selon un décompte tenu par Reporters sans frontières (RSF). Corentin Fohlen, photoreporter indépendant, travaillait pour Libération dans la cité Pablo-Picasso de Nanterre lorsqu’il a été brutalisé, vendredi 30 juin, par au moins trois personnes et blessé à la jambe. « Au moment où la BRI [brigade rapide d’intervention] s’éloignait des affrontements, un mec m’est tombé dessus par-derrière en me mettant des coups de pavé sur mon casque », puis son appareil photo lui a été arraché, raconte-t-il. Il a déposé plainte, lundi 3 juillet, pour « vol avec violences ». Travaillant pour Le Point, le photographe Khanh Renaud a vécu une agression similaire le même soir à Nanterre et a été blessé au genou. Après l’avoir passé à tabac, ses agresseurs l’ont dévalisé.

Les violences à l’encontre des journalistes n’ont pas touché que la ville où avait grandi Nahel M. Jeudi 29 juin, une jeune journaliste de la chaîne locale TV Tours-Val de Loire a été bousculée par une quinzaine d’individus qui l’ont menacée de mort, alors qu’elle prenait des images d’un véhicule incendié à Tours. « Ils ont fracassé sa caméra par terre avec un pavé », décrit Emilie Tardif, directrice déléguée de la chaîne de télévision, ajoutant qu’une plainte va être déposée.

Des agressions qui sont « totalement inacceptables » pour RSF. « Au-delà de l’animosité, de la violence verbale, de la haine des journalistes, il y a maintenant des passages à l’acte à l’image des attaques vécues par les maires », alerte Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, déplorant « une violence déchaînée contre tous ceux qui incarnent la démocratie ». M. Deloire s’inquiète de voir ces scènes de quasi-lynchage devenir « de moins en moins inédites », évoquant les précédents lors des manifestations des « gilets jaunes » fin 2018 et début 2019 ou des manifestations antipasse sanitaire en 2021. Le Syndicat national des journalistes a, lui aussi, condamné ces attaques contre la presse et appelé les journalistes de terrain « à la prudence ».
Gardes du corps

Une prudence à laquelle tous les journalistes contactés s’astreignent, mais ceux qui travaillent avec une caméra ou un appareil photo, plus visibles que leurs confrères de la presse écrite, encore davantage. Car, si la confiance entre la population et les journalistes est dégradée – seule une minorité des Français trouve les journalistes indépendants à l’égard des pressions du pouvoir, des responsables politiques (26 %) ou de l’argent (24 %), selon le dernier baromètre annuel La Croix, publié en janvier –, elle semble rompue avec nombre d’habitants des quartiers populaires.

Le Monde
 
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