Face à la fin de vie de leurs patients, paroles de médecins de famille : « Je suis là au moindre signe de détresse »

Roter.Teufel

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Face à la fin de vie de leurs patients, paroles de médecins de famille : « Je suis là au moindre signe de détresse »

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Peu entendus jusqu’à présent dans le débat sur l’« aide active à mourir », les médecins de famille sont nombreux à accompagner leurs patients dans leurs derniers instants. A la veille de la remise des travaux de la convention citoyenne, dimanche, ils racontent ces moments particuliers où il faut aborder la question de la mort.


« Docteur, je voudrais mourir chez moi » : c’est la demande que tous (ou presque) les médecins de famille ont entendue, de la part de patients vieillissants, malades, en « fin de vie », selon l’euphémisme désormais partagé. Chez des personnes âgées, parfois chez des plus jeunes, à l’annonce d’une maladie.


Une fois le sujet posé dans le secret du cabinet médical, ce sont d’autres questions que ces médecins accueillent : « Docteur, vous m’accompagnerez jusqu’au bout ? » ; « Vous ne me laisserez pas seul ? » ; « Vous ne me laisserez pas souffrir ? » Rien qui ne les étonne vraiment, eux qui, selon leurs propres mots, se voient autant comme des médecins du « premier » que de l’« ultime » recours. Quand bien même ils n’ignorent pas les statistiques : si autour de 80 % des Français déclarent dans les études d’opinion souhaiter mourir à la maison, un quart le peuvent, selon une enquête « Fin de vie en France » de l’Institut national d’études démographiques en 2015. « C’est ce paradoxe que nous éprouvons, aux côtés de nos patients, dans leurs dernières semaines, leurs derniers jours de vie, souffle une jeune généraliste parisienne sous couvert d’anonymat. Et c’est ça, aussi, qui nous émeut et nous questionne, dans notre exercice, nos pratiques, nos limites… »

La médecine de ville était, jusqu’à présent, restée plutôt discrète dans le débat actuel sur la fin de vie, qui a mis en alerte le monde des soignants. Alors que la convention citoyenne voulue par Emmanuel Macron rendra ses travaux très attendus sur une possible évolution de la loi Claeys-Leonetti de 2016, dimanche 2 avril, le Collège de la médecine générale, réuni en congrès du 23 au 25 mars, a esquissé un pas en avant : l’instance a appelé à poser la question, « légitime », de permettre l’accès, pour certains patients et dans une procédure bien définie, au suicide médicalement assisté.

« Cadre protecteur »

« Pour que notre devoir d’accompagner dignement jusqu’au bout nos patients puisse se faire dans les meilleures conditions de respect du patient et de ses désirs, nous avons besoin d’un cadre clair, protecteur aussi bien pour le patient que pour sa famille et pour les professionnels », a fait valoir Sylvain Bouquet, vice-président du bureau exécutif du Collège, durant la conférence de presse inaugurale. Un groupe de travail spécifique a été formé dans la foulée. « La démarche engagée au niveau politique et citoyen a contribué à libérer la parole parmi les médecins, analyse le docteur Bouquet. Il faut profiter de ce moment opportun, dans nos rangs, pour ouvrir encore la réflexion. »

Le Monde
 
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