Fin de vie : lors d’un dîner à l’Elysée, Macron invoque « un doute salvateur »

Roter.Teufel

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Fin de vie : lors d’un dîner à l’Elysée, Macron invoque « un doute salvateur »

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Alors que la convention citoyenne doit rendre ses travaux le 2 avril, le chef de l’Etat a reçu jeudi soir à sa table des représentants des cultes, des médecins et un philosophe pour écouter leurs réflexions sur l’éventuelle autorisation de l’euthanasie ou du suicide assisté en France.


« C’est une immense bataille entre Eros et Thanatos » : Emmanuel Macron a convoqué Freud et la théorie du psychanalyste sur la pulsion de vie et de mort en conclusion du dîner qu’il a consacré à la fin de vie, jeudi 9 mars, à l’Elysée. A la table présidentielle, seize personnes ont débattu quatre heures durant du sujet sous un angle éthique, philosophique voire métaphysique. Au dessert, M. Macron a évoqué le « doute salvateur », la nécessité de « maturation » sur des sujets « complexes » qu’il veut « décanter ». Il a laissé entendre qu’il se donnerait du temps, après la remise de l’avis de la convention citoyenne sur la fin de vie le 2 avril, pour se prononcer sur l’opportunité d’ouvrir le chantier d’une dépénalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté.

Les six représentants des religions conviés ont trouvé un président « à l’écoute ». Les échanges ont été « passionnants », a confié au Monde Haïm Korsia, grand rabbin de France, « riches », a apprécié son homologue catholique, Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France. Les religieux ont insisté sur la nécessité, confie M. Korsia, d’écouter les soignants, dont certains sont réticents à pratiquer le geste létal. « Il faut respecter les soignants auxquels on ne peut pas demander de donner la mort. On ne peut pas les mettre dans des contradictions difficiles à vivre », a insisté Eric de Moulins-Beaufort.

« Nous sommes dans un Etat laïc, et nous ne sommes pas là pour nous opposer aux évolutions de la société, mais j’ai rappelé les grands principes de l’islam selon lesquels le suicide ne peut pas être envisagé par un croyant », relate Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris. « Les lois écrivent les valeurs de la société », a remarqué pour sa part Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, qui a souhaité comme ses homologues que le message envoyé à ceux qui souffrent en fin de vie soit celui du « soutien et de l’accompagnement » à leur égard. Tous ont parlé du besoin de renforcer l’offre de soins palliatifs, inégalement répartie sur le territoire.
« Désangoisser les patients »

Spécialiste du sujet, le philosophe Fréderic Worms a exprimé une position qu’il avait confiée au Monde à la veille du dîner : « Il faut un cadre légal républicain très ferme, très rigoureux, qui entende les demandes d’aide à mourir pour des cas exceptionnels qui sont arrivés à l’extrémité d’un parcours de soins, estime le directeur de l’Ecole normale supérieure. Les citoyens se projettent inévitablement dans des cas tragiques. Ils seraient rassurés de savoir que pour les situations qui dépassent les soins palliatifs, il existe un cadre légal qui prévoit la possibilité d’une aide active à mourir. » Un tel cadre « renforcerait », explique-t-il, « la confiance dans les soins palliatifs qui entourent nécessairement ces situations ».

Le Monde
 
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