Jugé à Lyon, le militant identitaire se fait passer pour un simple pèlerin

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Jugé à Lyon, le militant identitaire se fait passer pour un simple pèlerin

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Le parquet a requis une amende contre Sinisha Milinov, porte-parole des Remparts, pour participation à une procession interdite, lors de la Fête des lumières du 8 décembre 202

« N’ai-je pas le droit de faire perdurer une tradition ? » Sinisha Milinov, 21 ans, tente de se faire passer pour un simple pèlerin catholique sur le chemin de procession de Fourvière, venu innocemment célébrer l’hommage à la Vierge Marie, à l’occasion de la Fête des lumières du 8 décembre 2022, à Lyon. Le porte-parole du groupuscule d’ultradroite Les Remparts répète l’argument d’un verbe contrôlé et monocorde, aux magistrats de la 6e chambre de la presse du tribunal correctionnel, mardi 16 mai.

Le jeune homme à moustache, tempes rasées, est jugé pour « organisation et participation à une manifestation interdite », en raison de sa présence parmi un groupe d’environ quatre cents personnes, réunies dans un mouvement baptisé Lugdunum suum, qui a pris l’habitude de suivre à distance le cortège officiel du diocèse, traditionnellement emmené par l’archevêque de Lyon. Cette procession parallèle participe des manifestations d’une ultradroite très active dans la capitale des Gaules, « à la violence endémique », dénonce le procureur Alain Grellet, qui a requis 1 300 euros d’amende contre le prévenu.

La préfecture avait pris un arrêté d’interdiction, justifié par des risques de troubles à l’ordre public. Face aux potentiels risques de provocations et d’affrontements avec une ultragauche tout aussi déterminée, les autorités avaient préféré épargner un souci supplémentaire aux forces de l’ordre, mobilisées par le rassemblement de plusieurs millions de personnes, en pleine Fête des lumières, le 8 décembre.

« Il ne peut se situer au-dessus des lois »

Selon les rapports de police, lus à l’audience par la présidente Brigitte Vernay, le militant, considéré comme un leader de la mouvance identitaire lyonnaise, a suivi ostensiblement le cortège, marqué par une déclamation publique dénonçant « la volonté politique de déconstruire notre identité ». M. Milinov a tweeté une vidéo relatant la marche, avant d’accorder une interview à BFM Lyon. « Quoi que je fasse, on m’identifie à ce groupe. (…) Je suis reconnu comme un militant par les médias, je n’ai fait que leur répondre. J’ai participé à la procession du diocèse », soutient celui qui a pourtant déclaré aux policiers, dans son audition, qu’il était bien « un des cadres » des Remparts. « Un groupement de fait. Je ne m’occupe pas des statuts », précise le prévenu.

« Quel que soit l’engagement qui est le sien, il ne peut se situer au-dessus des lois. Il ne s’agit pas d’un procès politique. La violation d’une interdiction de manifester est un délit », déclare le procureur. L’avocat de la défense veut inverser les rôles et dénonce « un arrêté illégal parce qu’il touche à la liberté fondamentale de liberté de manifestation ». Pierre-Vincent Lambert demande au tribunal d’annuler les poursuites, en usant de son pouvoir de « contrôle de légalité et de proportionnalité ». Selon l’avocat niçois, l’interdiction administrative aurait exagérément invoqué des risques pour empêcher une libre expression. « Cette procession existe depuis 2008, et depuis 2015 l’interdiction est devenue systématique », regrette-t-il. Jugement le 20 juin.

Le Monde
 
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