Notícias Législatives : comment le RN parvient-il à séduire l’électorat féminin ?

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Législatives : comment le RN parvient-il à séduire l’électorat féminin ?

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« Questions de campagne ». Le parti d’extrême droite, scrutin après scrutin, tend à se banaliser dans la population féminine, longtemps rétive. Chez les défenseurs des droits des femmes, pourtant, la peur d’un recul des acquis féministes est très vive.

Longtemps peu enclines à voter en faveur de l’extrême droite, les femmes n’ont désormais pas beaucoup plus de réticences que les autres à glisser un bulletin Rassemblement national (RN) dans l’urne. Au fil des ans, le gender gap, le différentiel de vote selon le genre, a tendance à s’effacer. Ce phénomène s’observe à chaque scrutin présidentiel depuis 2012. Il s’est vérifié une nouvelle fois aux élections européennes, le 9 juin. Ainsi qu’au premier tour des élections législatives, le 30 juin : 32 % des femmes ont donné leur voix à un candidat du parti d’extrême droite et 36 % des hommes, selon l’enquête Ipsos-Talan sur la sociologie des électorats, menée à partir d’un échantillon de 10 286 personnes pour France.tv, Radio France et Public Sénat.

Faut-il y voir un « effet Marine » ? Plusieurs observateurs de la vie politique avancent cette hypothèse, soulignant la « stratégie de dédiabolisation » menée avec succès par la fille de Jean-Marie Le Pen depuis qu’elle a pris les commandes du parti. Marine Le Pen n’hésite pas, ponctuellement, à sortir la carte « femme » pour s’adresser aux électrices, mettant opportunément en avant son parcours de divorcée et mère de trois enfants.

Son discours sur la vie chère et le pouvoir d’achat « résonne particulièrement auprès des femmes en difficulté économique, qui appartiennent à la classe moyenne basse, où le vote RN est banalisé », explique Christèle Lagier, maîtresse de conférences de science politique à l’université d’Avignon. Mme Lagier a notamment travaillé sur le vote des électrices RN dans le Vaucluse. « Ce sont des femmes qui travaillent, mais qui ont le sentiment d’être abandonnées par l’Etat-providence, de ne pas bénéficier du système de redistribution sociale », poursuit la politiste.

La question des droits des femmes n’est pas au cœur de leurs préoccupations, et, par ailleurs, explique Mme Lagier, « rien n’indique, dans les enquêtes, que la question du genre est une variable essentielle du vote des femmes ». En d’autres termes, « c’est une illusion de penser que les femmes votent pour les femmes », considère cette spécialiste de la sociologie électorale, selon qui « d’autres variables lourdes comme la catégorie socioprofessionnelle, la situation matrimoniale et ce qui relève du niveau de diplôme et du statut d’emploi sont centrales ».

« Ils essaient de se montrer modernes »

Comme sur d’autres sujets, le RN a par ailleurs « ripoliné sa façade » sur les droits des femmes, souligne Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes et militante depuis 1974. « Marine Le Pen a rompu avec le discours viriliste, sexiste voire misogyne de son père, qui agissait comme un repoussoir pour les électrices, abonde Anja Durovic, chercheuse postdoctorale au CNRS et à l’université Paris-Saclay. Elle est allée jusqu’à se qualifier parfois de quasi-féministe. » Ce qui ne l’empêche pas, à certaines occasions, de montrer un autre visage. Exemple : le 1er mai 2015, lors de la célébration de Jeanne d’Arc, rassemblement annuel des frontistes, où, après avoir fustigé la « grotesque théorie du genre », elle ironisait sur les acquis féministes.

Le Monde
 
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