La déroute de l’athlétisme français

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La déroute de l’athlétisme français

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Le fiasco des Jeux olympiques de Tokyo a braqué les projecteurs sur la fédération française. Une institution qui, au-delà de ces mauvais résultats, traverse une profonde crise de gouvernance.

Jusqu’où ira la chute ? Depuis qu’elle a gravi son mont Olympe aux Jeux olympiques 2016 à Rio, avec six médailles – un total inédit depuis 1948 –, la Fédération française d’athlétisme (FFA) tombe de Charybde en Scylla. Après des championnats du monde 2019, à Doha, ponctués de deux médailles et d’incidents extrasportifs, la discipline n’a rapporté qu’une seule médaille des JO de Tokyo. A trois ans des Jeux de Paris, cette dégringolade a de quoi inquiéter, alors que le président de la République lui-même a pressé, mi-septembre, l’ensemble des sportives et sportifs français de « faire beaucoup plus » à l’occasion de cette grand-messe à domicile.

Pour l’athlétisme, le diagnostic est d’autant plus alarmant que le mal semble profond. Cette crise de résultats se double d’une autre, moins visible pour le grand public : celle de la gouvernance de la fédération. En six mois, la FFA a vu partir deux directeurs techniques nationaux (DTN), ainsi que son directeur de la haute performance – l’ancien multimédaillé de cyclisme sur piste Florian Rousseau –, au lendemain des Jeux de Tokyo et un an et demi seulement après son intronisation.

Le ministère des sports et l’Agence nationale du sport (ANS), établissement public créé en 2019 et chargé notamment du haut niveau, ont décidé de prendre le dossier à bras-le-corps. S’il réfute une « mise sous tutelle » de la fédération, Claude Onesta, le patron de la haute performance au sein de l’ANS, ne cache pas néanmoins qu’il y a nécessité et urgence à un « accompagnement ».
« Sentiment d’ingérence permanente »

Depuis quelques semaines, l’Agence et le ministère sont en conflit avec le président de la FFA, André Giraud. L’objet des tensions ? Le choix du nouveau DTN, théoriquement le patron du volet sportif au sein d’une fédération. Or, c’est sur ce sujet que se cristallisent depuis des mois les tensions : qui, à la FFA, incarne, définit et conduit la politique sportive ?


Patrice Gergès considère que les cartes ont été brouillées avec la nomination, en janvier 2019, de l’actuelle directrice générale, Souad Rochdi. « Ce que j’ai surtout vécu, c’est le sentiment d’ingérence permanente », avance au Monde celui qui avait été nommé DTN en avril 2017, quelques mois après l’élection d’André Giraud, et avait travaillé avec deux premiers directeurs généraux. « Avec eux, nous avions des réunions régulières en présence du président. Avec cette DG, elles ont disparu et je découvrais après coup des changements de cap », explique Patrice Gergès.

La situation se tend lors des Mondiaux de Doha, à l’automne 2019, marqués par un naufrage sportif, mais aussi des rumeurs de dopage, le départ du médecin fédéral en pleine compétition ou encore une séance incongrue d’hypnose à l’hôtel des Bleus. « J’ai missionné des salariés de la fédération pendant la compétition, par exemple pour accompagner les athlètes face aux médias. Or, derrière mon dos, ils se sont vu interdire d’effectuer ces missions, raconte Patrice Gergès. Ça crée des dysfonctionnements. » Sollicitée, Souad Rochdi a refusé de s’exprimer.


Le Monde
 
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