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- Out 5, 2021
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Le « quartier de la défonce », dans le nord-est de Paris, n’en peut plus du crack
Le campement de la porte de La Villette devait durer quelques jours. Six mois plus tard, les riverains se désespèrent de cohabiter avec les toxicomanes parqués près du périphérique.
Une cérémonie un peu décalée est prévue samedi 26 mars, à la lisière du 19e arrondissement de Paris, d’Aubervilliers et de Pantin (Seine-Saint-Denis), en présence des trois maires concernés : l’inauguration du « quartier de la défonce ». Une plaque sera dévoilée par un participant, rebaptisé en « ministre de l’économie souterraine ». Son discours est déjà presque écrit : « Dans ce quartier en pleine revitalisation urbaine, vous trouverez tout : du crack, mais aussi des cigarettes de contrebande, de l’ecstasy, des comprimés divers… »
Les riverains réunis dans le collectif 93 Anti-Crack résument l’objectif : « L’Etat se moque de nous, alors nous allons nous moquer de lui. Peut-être cela le fera-t-il enfin bouger… » Une façon de marquer le demi-anniversaire du campement de toxicomanes installé ici. « Un moisiversaire, plutôt : un anniversaire moisi », corrige une voisine.
Le 24 septembre 2021, la police avait transféré dans un petit jardin public coincé au bord du périphérique, porte de La Villette, les 100 ou 200 consommateurs de crack qui erraient auparavant rue Riquet et aux alentours des Jardins d’Eole, dans une autre partie de l’arrondissement. Il s’agissait de faire retomber la pression dans un quartier, quitte à ce qu’elle monte un peu plus loin. Gérald Darmanin avait été très clair : c’est « une solution qui ne peut être que temporaire, qui ne peut durer que quelques heures ou quelques jours », avait promis le ministre de l’intérieur, le 28 septembre 2021, devant les députés.
« Personne ne répond à nos courriers »
Six mois plus tard, les accros à cette drogue du pauvre sont toujours là et les riverains se désespèrent. Aux difficultés quotidiennes provoquées par la cohabitation forcée avec des toxicomanes en grande précarité s’ajoute dans ces quartiers très populaires le sentiment d’être méprisés, abandonnés. « On n’est que des petites gens, des Arabes, des Noirs, des merdes, quoi, s’énerve Dominique Gamard, une des animatrices du collectif. Alors on nous oublie, personne ne répond à nos courriers. On en est à notre onzième manifestation en six mois et rien ne se passe. »
En janvier, la Préfecture de police a bien tenté de déplacer à nouveau le « supermarché du crack », cette fois-ci vers une friche ferroviaire du 12e arrondissement. Mais l’opposition conjointe des élus de gauche, de droite et La République en marche a tué le projet dans l’œuf. « Evidemment, là-bas, ce sont des Blancs, des bourgeois, alors on les entend… », souffle Dominique Gamard. A l’issue de cet épisode, le préfet de police, Didier Lallement, a prévenu les habitants du Nord-Est parisien : ils « doivent désormais s’attendre à une occupation longue de l’espace public du square ». Il disait vrai.
Le Monde
Le campement de la porte de La Villette devait durer quelques jours. Six mois plus tard, les riverains se désespèrent de cohabiter avec les toxicomanes parqués près du périphérique.
Une cérémonie un peu décalée est prévue samedi 26 mars, à la lisière du 19e arrondissement de Paris, d’Aubervilliers et de Pantin (Seine-Saint-Denis), en présence des trois maires concernés : l’inauguration du « quartier de la défonce ». Une plaque sera dévoilée par un participant, rebaptisé en « ministre de l’économie souterraine ». Son discours est déjà presque écrit : « Dans ce quartier en pleine revitalisation urbaine, vous trouverez tout : du crack, mais aussi des cigarettes de contrebande, de l’ecstasy, des comprimés divers… »
Les riverains réunis dans le collectif 93 Anti-Crack résument l’objectif : « L’Etat se moque de nous, alors nous allons nous moquer de lui. Peut-être cela le fera-t-il enfin bouger… » Une façon de marquer le demi-anniversaire du campement de toxicomanes installé ici. « Un moisiversaire, plutôt : un anniversaire moisi », corrige une voisine.
Le 24 septembre 2021, la police avait transféré dans un petit jardin public coincé au bord du périphérique, porte de La Villette, les 100 ou 200 consommateurs de crack qui erraient auparavant rue Riquet et aux alentours des Jardins d’Eole, dans une autre partie de l’arrondissement. Il s’agissait de faire retomber la pression dans un quartier, quitte à ce qu’elle monte un peu plus loin. Gérald Darmanin avait été très clair : c’est « une solution qui ne peut être que temporaire, qui ne peut durer que quelques heures ou quelques jours », avait promis le ministre de l’intérieur, le 28 septembre 2021, devant les députés.
« Personne ne répond à nos courriers »
Six mois plus tard, les accros à cette drogue du pauvre sont toujours là et les riverains se désespèrent. Aux difficultés quotidiennes provoquées par la cohabitation forcée avec des toxicomanes en grande précarité s’ajoute dans ces quartiers très populaires le sentiment d’être méprisés, abandonnés. « On n’est que des petites gens, des Arabes, des Noirs, des merdes, quoi, s’énerve Dominique Gamard, une des animatrices du collectif. Alors on nous oublie, personne ne répond à nos courriers. On en est à notre onzième manifestation en six mois et rien ne se passe. »
En janvier, la Préfecture de police a bien tenté de déplacer à nouveau le « supermarché du crack », cette fois-ci vers une friche ferroviaire du 12e arrondissement. Mais l’opposition conjointe des élus de gauche, de droite et La République en marche a tué le projet dans l’œuf. « Evidemment, là-bas, ce sont des Blancs, des bourgeois, alors on les entend… », souffle Dominique Gamard. A l’issue de cet épisode, le préfet de police, Didier Lallement, a prévenu les habitants du Nord-Est parisien : ils « doivent désormais s’attendre à une occupation longue de l’espace public du square ». Il disait vrai.
Le Monde