Notícias Les deux France des élections législatives : le « soulagement » de la gauche, la désillusion des électeurs RN

Roter.Teufel

Sub-Administrador
Team GForum
Entrou
Out 5, 2021
Mensagens
22,308
Gostos Recebidos
920
Les deux France des élections législatives : le « soulagement » de la gauche, la désillusion des électeurs RN

35c30b3_1720387497490-g3a9891.JPG


De la place de la République, à Paris, à la Canebière, à Marseille, des électeurs de gauche se sont rassemblés pour fêter le score inattendu du Nouveau Front populaire. Militants et sympathisants RN affichent leur déception et dénoncent une élection confisquée.

La fête est plus douce quand elle est improvisée, la joie d’autant plus intense qu’elle était inespérée. Plusieurs milliers de Parisiens s’étaient rassemblés sur la place de la République, dimanche 7 juillet, pour vivre ensemble les résultats du second tour des élections législatives, rêver sans trop oser y croire et, plus probablement, « pleurer ensemble » cette victoire que tous les sondages promettaient au Rassemblement national (RN). Quelques minutes avant 20 heures, l’ambiance était encore fébrile, insaisissable comme un point de bascule entre deux mondes. Et, soudain, à 20 heures exactement, les téléphones ont crépité, et une immense clameur a embrasé la foule.

Au même instant, cette ovation est montée dans plusieurs endroits du pays, de Rennes à Marseille en passant par Lyon, où les candidats du Nouveau Front populaire (NFP) ont remporté les quatre circonscriptions. Elle a aussi parcouru les rues de Ménilmontant, quartier de gauche de l’est de la capitale, comme un frisson de victoire en finale de Coupe du monde qui se propage de fenêtre en fenêtre. Il n’était pas difficile de comprendre que la gauche venait de l’emporter. Dans les bars de la rue Sorbier (20ᵉ arrondissement), la foule tendue et attentive s’est transformée en liesse, tandis que des habitants criaient leur joie incrédule au balcon.

Sur une autre place de la République, à Rennes, Morgane, Léna et Camille avaient la mine des mauvais jours lorsqu’elles se sont fondues dans une foule de quelque 500 personnes pour partager ce moment qu’elles redoutaient tant. Elles n’osent croire les premiers résultats. Elles demandent vérification autour d’elles. La gauche est-elle vraiment devant le RN ? Oui. Elles s’enlacent, les yeux rougis. « Nous étions venues ici pour trouver du soutien et montrer notre opposition à l’extrême droite. Nous voilà désormais prêtes à partager notre soulagement ! », s’étonnent ces trois internes en médecine.

« Je me sens français, je suis heureux »

Retour à Paris, place de la République, dix minutes après l’annonce des premières projections. Perchés sur le socle de la statue, des militants agitent des drapeaux français et un drapeau palestinien en lançant des chants antifascistes (« Et tout le monde déteste les fachos »), sa version anti-RN (« Et tout le monde déteste Bardella »), et quelques slogans hostiles aux médias détenus par le milliardaire Vincent Bolloré : « Bolloré, casse-toi ! », « Hanouna, casse-toi ! »

Il est 20 h 10. Un jeune militant du NFP, trop occupé à discuter et à chanter, a manqué la nouvelle. Il réalise soudain : « On est premiers ? », demande-t-il, sans trop y croire, à ses amies qui lui sautent au cou. « Ah, la joie ! », hurle-t-il. Autour de lui, des sourires, partout, des regards qui se cherchent, pétillants mais encore circonspects. La surprise est telle que l’incrédulité se mêle encore au soulagement. Le bonheur qui plane sur la place est réel, mais mesuré.

Le Monde
 
Topo