Nicolas Sarkozy devant la cour d’appel au premier jour du procès des écoutes : « Je n’ai jamais corrompu qui que ce soit »

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Nicolas Sarkozy devant la cour d’appel au premier jour du procès des écoutes : « Je n’ai jamais corrompu qui que ce soit »

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L’ancien président de la République, son avocat Thierry Herzog et l’ex-magistrat Gilbert Azibert ont contesté leur culpabilité, à la veille de la diffusion des écoutes téléphoniques qui ont lancé l’affaire.

Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert le savent mieux que quiconque : en ce lundi 5 décembre où ils s’avancent tour à tour, face aux trois juges de la cour d’appel de Paris, ils sont moins des prévenus « présumés innocents » qu’un ancien président de la République, un avocat et un ex-conseiller à la Cour de cassation, tous trois lestés d’une condamnation à trois ans d’emprisonnement, dont un an ferme, pour « corruption », active ou passive, « trafic d’influence », « violation du secret professionnel » ou recel de ce secret, et d’attendus de jugement cinglants.

Leurs avocats le savent aussi, qui ont beaucoup réfléchi et infléchi leur stratégie de défense. L’enjeu de ce procès en appel n’est pas le même pour chacun des prévenus.

Pour Nicolas Sarkozy, cette affaire des écoutes, dite aussi affaire Bismuth – dans laquelle il est accusé d’avoir tenté d’obtenir, en 2014, des informations sur une procédure en cours devant la Cour de cassation –, n’est que la partie émergée de l’iceberg judiciaire qui le menace : multiples mises en examen dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, condamnation en septembre 2021 dans celle du dépassement des plafonds de sa campagne de 2012, dont il a fait appel. « Vous excuserez ma véhémence, mais quand on est innocent, on est indigné », prévient-il à la barre, farouchement déterminé à obtenir sa relaxe.

« Je conteste ma culpabilité avec la plus grande force. Je conteste ma peine avec la plus grande force. Madame la Présidente, nous allons entendre les écoutes, je m’expliquerai sur chacune. Je suis un ancien président de la République, je n’ai jamais corrompu qui que ce soit. Cette affaire de corruption est étrange : pas un centime versé, pas un avantage accordé, pas de victime. » Indigné, Nicolas Sarkozy l’est face aux « moyens colossaux » déployés par le parquet dans cette affaire, « cinq ans d’enquête préliminaire, sept mois d’écoutes ». « Vous avez devant vous un homme dont on a écouté 3 500 conversations téléphoniques. Je demande à chacun de réfléchir à ce que cela représente comme violation de la vie privée. » Indigné encore, dit-il, par les termes employés contre lui par le procureur lors du premier procès. « Il a indiqué que j’avais un comportement de délinquant chevronné. De délinquant chevronné ! De délinquant chevronné ! Tout ça parce que j’ai utilisé un portable dédié ! »

« Mon honneur a été bafoué »

Les débats au fond n’ont pas commencé mais Nicolas Sarkozy expose déjà, en vrac, tous les arguments qu’il compte plaider pour sa défense. Il évoque deux jurisprudences récentes, de la Cour européenne des droits de l’homme et de la cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), venues renforcer la protection des conversations entre un client et son avocat. Il s’en prend à la motivation du jugement rendu par le tribunal, évoquant le « faisceau d’indices » retenu contre lui, « alors que pour être condamné, il faut des preuves. Où sont les preuves ? ». La voix se calme : « Mon honneur a été bafoué. Je viens pour convaincre la cour que je n’ai rien fait. »


Le Monde
 
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