Notre-Dame sort du brouillard, pas des frictions

Roter.Teufel

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Notre-Dame sort du brouillard, pas des frictions

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Le nouvel archevêque de Paris, Mgr Ulrich, a nommé Mgr Ribadeau-Dumas recteur de Notre-Dame. Un politique pour une mission sensible et symbolique : l’aménagement liturgique de la cathédrale.

Jeudi 8 décembre, dans la nuit de l’hiver, le général Georgelin se hâte de descendre les escaliers métalliques de la base vie qui a pris racine derrière Notre-Dame de Paris. « Planifier, planifier, planifier… On a surfé contre vents et marées. Mais là, nous moissonnons enfin tout le travail réalisé depuis trois ans », soutient, de sa gouaille de stentor et de ses gestes martiaux, l’ancien chef d’état-major à qui le président, Emmanuel Macron, avait donné pour mission, le 16 avril 2019, au lendemain de l’incendie, de rendre la cathédrale aux Parisiens en moins de cinq ans. Satisfait, il énumère : « Les 42 000 mètres carrés des élévations intérieures sont en passe d’être nettoyés. La restauration des peintures des chapelles est spectaculaire… Mais ce qui va être proprement extraordinaire, c’est la lumière retrouvée. Cette pierre blonde dont on redécouvre la couleur originale. Les vitraux complètement nettoyés ! On voit enfin la renaissance de Notre-Dame. »

Le général regarde sa montre. A 18 heures, il compte être à la messe de l’Immaculée Conception à Saint-Germain-l’Auxerrois. Ils seront tous là : Laurent Ulrich, le nouvel archevêque, Olivier Ribadeau-Dumas, qui a pris ses fonctions début septembre comme recteur de la cathédrale… Dans deux ans exactement, ce même 8 décembre, choisi symboliquement – une fête mariale – pour la réouverture de la cathédrale en ce dernier mois de 2024, marquera le début de l’Année sainte. De quoi pousser le pape à venir pour l’occasion ?

Déjouant les pronostics des Cassandre, le chantier avance : « Nous soufflerons lorsque la voûte du transept sera fermée, pondère, prudent, le général Georgelin. Nous construisons l’échafaudage qui montera jusqu’à 100 mètres de hauteur lorsqu’il s’agira d’installer le coq sur la flèche. Pour l’instant, il arrive sous les voûtes, à 26 mètres. Les Parisiens le verront apparaître dans le ciel courant 2023, assure-t-il. Mais je ne veux pas vous donner de dates trop précises. » Paraphrasant Clausewitz – « La guerre, c’est le domaine du brouillard et de la friction » –, il regarde son champ de bataille comme s’il commandait une armée : « Une panne, un Covid, un vent trop fort, et ce que vous avez prévu est remis en question… Et puis, 2024, c’est la réouverture au culte, ce n’est pas la fin du chantier, notamment sur le chevet et les arcs-boutants. »

A deux pas, rue Chanoinesse, où se tient le clergé de Notre-Dame, les discussions vont bon train. Là aussi, on cherche à sortir du brouillard et des frictions. Car qui dit ouverture au culte dit aménagement intérieur. En brûlant, Notre-Dame de Paris, haut lieu mondial du catholicisme, a offert une page blanche, cinquante ans après le concile Vatican II, pour une nouvelle réflexion sur le cadre liturgique.


Le Monde
 
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