Qui sont les irréductibles djihadistes français du « mini-califat » d’Idlib, en Syrie ?

Roter.Teufel

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Qui sont les irréductibles djihadistes français du « mini-califat » d’Idlib, en Syrie ?

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Les 220 Français encore présents sur le sol syrien se sont repliés sur un territoire contrôlé par un groupe islamiste, le Hayat Tahrir Al-Cham, qui a officiellement renoncé au djihad global. Mais les services de renseignement considèrent qu’une partie d’entre eux représente toujours une menace pour la France.

Plus de quatre ans après la chute de l’organisation Etat islamique (EI) dans son dernier réduit syrien de Baghouz, en mars 2019, qui marquait la fin du prétendu « califat », le plus gros du contingent des djihadistes français a été écarté du champ de bataille : sur les 1 490 Français ayant rejoint la zone irako-syrienne depuis 2012, 500 sont présumés morts, 300 sont portés disparus, 390 adultes sont rentrés en France, et 130 – dont 68 hommes – sont toujours détenus dans les camps kurdes du nord-est de la Syrie ou dans les prisons irakiennes.

Mais il existe dans le Nord-Ouest syrien, adossé à la frontière turque, un bastion d’irréductibles djihadistes français qui résistent encore et toujours à la tentation du départ. Selon les informations du Monde, ils sont environ 170 Français âgés de plus de 13 ans – dont 115 adultes – à vivre retranchés dans cette enclave de 3 000 kilomètres carrés située dans la région d’Idlib, l’une des dernières à échapper au contrôle de Damas. Depuis mars 2020 y règne un fragile cessez-le-feu conclu entre la Turquie, qui a déployé ses forces dans la région, et la Russie, qui soutient militairement le régime.

Ce réduit de quelque 4 millions d’habitants, dont une moitié de réfugiés, est géré par un groupe islamiste rebelle, le Hayat Tahrir Al-Cham (HTC). Pragmatique et désireuse de se racheter une virginité aux yeux de l’Occident, cette ancienne filiale d’Al-Qaida a rompu avec la maison mère et a renoncé au djihad global – une première dans l’histoire de la mouvance – pour concentrer ses efforts sur l’administration de son fief. De nombreux insurgés s’y sont repliés au fil du conflit, parmi lesquels plusieurs dizaines de Français qui forment aujourd’hui une petite communauté de quelque 220 personnes en comptant les enfants.

Redoutant leur dissémination au gré des avancées des forces russo-syriennes, les services de renseignement ont gardé sur eux un œil très attentif. Le Monde a pu consulter un document rare, une note commune de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) classée « confidentiel défense », qui présente un état des lieux très détaillé de leurs activités. Cette note, que Le Monde a enrichie et mise à jour à travers plusieurs entretiens, dresse le tableau d’un djihad relocalisé, centré sur la défense et la gestion de ce territoire aux airs de « mini-califat ».

Un risque de « dispersion » de djihadistes « dangereux »

En raison du contrôle sans partage exercé par le HTC sur la région, la logique des allégeances aux autres groupes rivaux est difficilement lisible. Les Français d’Idlib peuvent néanmoins être rangés en trois grandes « familles ». Un tiers environ s’est assimilé à la société locale et s’est converti à l’agenda syrien du HTC, qui a officiellement renoncé à la terreur. Un autre bloc, le plus important avec une cinquantaine d’adultes, a rejoint la Firqat Al-Ghouraba (« brigade des étrangers »), un groupe salafiste indépendant fondé par un Niçois d’origine sénégalaise, Omar Diaby, dont l’agenda n’est ni syrien ni international.

Le Monde
 
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